Cet ouvrage de sociologie économique met en lumière les ambiguïtés du lien entre modernisation et action sociale. L'auteur montre d'abord, à partir d'études territorialisées, que l'aggravation des processus d'exclusion relève non seulement d'une crise de l'emploi, mais aussi du développement de notre civilisation matérielle qui favorise la perte d'autonomie sociale et économique. Au cours des Trente Glorieuses, l'action sociale a évolué vers des modes d'intervention plus techniques et professionnalisés, passant à un formalisme dépersonnalisant qui limite son efficacité. D'un autre côté, face à la crise, les acteurs innovants de développement social s'enferment dans une conception économiciste du rôle socialisant du travail.

C'est pourquoi, à partir d'une réflexion sur le rôle intégrateur des pratiques informelles, l'ouvrage propose en définitive de prendre en compte le rôle socialisant des pratiques économiques non marchandes pour lutter contre l'exclusion. En conclusion, l'auteur affirme que la crise de l'intégration sociale appelle à repenser la solidarité non plus seulement en termes d'interventions professionnalisées, mais en termes de choix de société. Cela veut dire chercher de nouveaux modèles de développement et de prévention socio-économique permettant de réconcilier durablement l'économique et le social. --Stephane Buron-- -- Futuribles