Pourquoi une femme parle-t-elle des femmes ? Peut-être parce que ce sont souvent des hommes qui ont écrit sur elles, en leur lieu et place. J'ai eu envie de tracer une suite de portraits en mouvement, d'instantanés. De saisir, par les rues de ce temps, des femmes successives et simultanées. Silhouettes furtives ou avérées. Les routinières et les originales, les libres et les entravées selon l'heure et les circonstances. Des lumineuses par intermittence, des timides dans la pénombre. Alertes ou douloureuses. About de souffle puis animées d'un regain. Les nourricières et les perpétuelles affamées, mères et filles, solitaires. Les silencieuses. Et toutes ces étrangères, innommées, fascinantes. Elles m'apparaissent singulières, uniques, irréductibles. Provoquant l'émoi, l'effroi, le désir parfois de les retenir, de les annexer. Plurielles, innombrables, passées, à venir. Toujours des femmes à aimer en deçà et par-delà les ombres et les clartés.