Avec la Vie de Jésus (1863), Renan donne écho à ce qui était la tendance de sa jeunesse à percevoir en Jésus un commencement absolu : sans doute il est né juif et, nourri des Prophètes, il ne connaît rien hors du monde hébraïque, mais il est un " miracle psychologique ", " artiste " de la morale, " grande âme " et en ce sens " Fils de Dieu ". La suite de l'Histoire des Origines du Christianisme remodèle en profondeur ce schéma qui s'inverse résolument à partir des années 80. Le texte de 1883 publié ici illustre le moment où la pensée de Renan bascule d'une série à l'autre : d'un christianisme d'abord senti comme l'oeuvre presque exclusive de son fondateur à ce que l'on pourrait nommer un " christianisme " juif, déjà présent chez les Prophètes. Le principe séparateur du judaïsme et du christianisme, c'est - selon Renan - l'influence grandissante de l'élément grec dans la religion nouvelle, le conflit entre connaissance et foi. Deux études sur Isaïe complètent ce volume.