Avec Chateaubriand et Lamennais, Renan est l'une des gloires de la pléiade bretonne du XIXe siècle. Né à Tréguier, orphelin dès l'âge de cinq ans, il quitte son pays natal, sa race et son milieu, pour gagner Paris, où il reçoit une formation cléricale. Rongé par le doute, il renonce au sacerdoce et se passionne pour la recherche des origines, tant des langues que des religions. L'hébreu et l'allemand lui ouvrent les portes de la culture universitaire. Dès son agrégation de philosophie, il aspire à devenir membre de l'Institut et professeur au Collège de France. Renan parvient à ses fins, non sans peine ni adversité. Il parcourt le monde : Italie, Proche-Orient, d'où il rapporte le manuscrit de sa Vie de Jésus, dont le succès immédiat est énorme, déclenchant la cabale la plus assourdissante de la part du parti clérical. Ecrivain talentueux et infatigable, il compose durant vingt ans les sept volumes de son Histoire critique des Origines du Christianisme et il en consacre ensuite cinq autres à l'Histoire du peuple d'Israël. Académicien, il devient administrateur du Collège de France, où il meurt à 70 ans. Renan déconcerte admirateurs et adversaires. Dilletante épicurien ? Rationaliste mystique ? Pourfendeur des dogmes ? Sceptique frivole ? Antidémocrate élitiste et républicain de raison, il devient l'enfant chéri de la République laïque. Archéologue et philologue, philosophe et dramaturge, conteur et artiste, il est le créateur de la méthode scientifique de l'histoire des religions, en laquelle il voyait l'expression la plus pure de la nature humaine.