Il y a une relation étroite entre la notion de beauté et celle de culture, d'esthétisme et d'humanité. " Je suis belle, ô mortels, comme un rêve de pierre ", écrivait Baudelaire en la personnifiant... Mais la beauté est-elle réellement accessible ? Comment se traduit-elle dans la culture, chinoise ou occidentale ? Dans une perspective très originale, Zhu Cunming montre combien l'expérience de beauté est universelle, mais aussi profondément liée à celle de la laideur. En témoignent les bronzes des temples, les figures de dragon à la gueule énorme. Comment si la laideur était au fond la face cachée du sentiment du beau, qui nous conduit sur des chemins étrangers ou imprévus... De son côté, Dominique Fernandez, dans un texte à l'écriture remarquable, s'attache à définir la beauté comme expérience de l'ambiguïté. Plus que la cathédrale qui parle trop directement de Dieu, la musique, en particulier, évoque cet impalpable inaccessible. A partir du mythe d'Orphée, qui court dans la culture occidentale de Monteverdi à Jean Cocteau, Dominique Fernandez poursuit la vérité de la beauté dans une réflexion éblouissante. Un grand plaisir de lecture et de culture.