Cet essai, fruit d'une rencontre entre un musicien et un anthropologue, montre l'impossibilité de réduire aujourd'hui le chant d'église au seul chant grégorien, tel qu'il a été consigné au XIXe siècle dans le modèle solesmien. En effet, la philosophie de restauration qui présidait à l'élaboration de ce chant, en tant qu'expression musicale exclusive à l'église catholique, l'a retranché de la modernité et peu à peu condamné. Partant, c'est toute la tradition des chantres qui a pu réapparaître au grand jour : des origines juives, grecques et romaines aux plains-chants des XVIIe et XVIIIe siècles, en passant par les polyphonies médiévales et le chant mozarabe. Un art consommé de l'ornementation s'y révèle. Outre sa beauté intrinsèque, il pourrait aujourd'hui, hors de tout soupçon d'intégrisme ou de passéisme, contribuer à un renouveau de l'art lyrique et de la liturgie.
Le disque joint au livre donne à entendre des extraits de vieux romain, et des chants de confrérie corses et espagnoles.