En ce début de IVe siècle où règne une peur diffuse de fin des temps, où la question du salut est d'une actualité brûlante, le thème de la vision de Dieu revêt une importance cruciale. En effet, prétendre que l'être humain est capable de voir Dieu dès ici-bas par ses seules capacités, n'est-ce pas nier la primauté de l'initiative divine dans la vie spirituelle et le rôle salvifique de la grâce ? Aussi, Augustin, en bon conseiller spirituel, va s'appliquer à détacher son interlocutrice d'une conception de la relation à Dieu qu'il juge fausse. Comme Platon, Sénèque et Paul, Augustin considère la lettre comme une conversation amicale dont le dessein est le profit spirituel tant pour le destinataire que pour lui-même. Augustin se présente ici à nous comme un chercheur de Dieu qui n'hésite pas à exprimer ses doutes… À travers son interlocutrice Pauline, c'est à chacun d'entre nous que saint Augustin s'adresse. Remise en valeur à cette occasion de la collection "Carnets DDB" qui a pour vocation de proposer des textes d'auteur fort et bref. Cette lettre de saint Augustin entre tout à fait dans ce cadre.