Avec le père Alexandre Men (1935-1990), prêtre assassiné alors que le système communiste s'effondre, c'est une très belle figure de l'orthodoxie russe qu'évoque ici Michel Evdokimov. Elevé durant la guerre, marqué par la période stalinienne, il fait son séminaire à Moscou et rejoint par la suite différentes paroisses autour de la capitale, notamment à Alabino et à la paroisse de la Sainte-Rencontre à Novaïa Dérévnia. Mais très vite, sa personnalité et son rayonnement le mettent en butte aux autorités, notamment policières, qui ne cessent de le harceler, de le questionner ou de le soumettre à des perquisitions. Sans être un provocateur, le père Men incarne la résistance spirituelle au communisme en favorisant la prière, la liturgie, la vie sacramentelle et l'attention aux personnes. Mais homme d'une grande culture, il n'est jamais intransigeant ni partisan d'une orthodoxie nationaliste : pour lui au contraire, la Vérité et l'Absolu sont comparables à une montagne que les différentes traditions religieuses ont à gravir par des faces différentes, pour se retrouver ensemble un jour au sommet…